Eta­blis­se­ment socio-éducatif Cité Radieuse, Echichens

Une spatialité singulière pour un habitat spécifique

La Cité Radieuse est spécialisée dans l’accueil de personnes en situation de polyhandicap, dont la majorité se déplace en fauteuil roulant. Référente dans le domaine depuis 1967, la fondation comprend un cluster de maisons réunies par un socle de services collectifs. La spécificité de la réflexion réside dans le développement d’une ré­ponse architecturale adaptée à un mode d’habitat spécifique. La recherche s’est focalisée sur la spatialité intérieure, en expérimentant une typologie particulière de plan, pour garantir la fluidité des par­cours et offrir une progression graduelle entre les espaces privés et partagés.

Un préalable fondamental à cette recherche consistait à quitter les principes institutionnels appliqués notamment dans les EMS où les lieux de vie sont plutôt regroupés en grands espaces indéfinis qui ne profitent pas à l’intimité des résidents. De même, il s’agissait de trouver une solution alternative aux habituelles batteries de chambres organisées avec leurs salles de bains le long de couloirs linéaires. En développant la géo­métrie organique du plan, il devenait possible de pla­cer les salles de bains dans les angles, en terminaison des chambres plutôt qu’aux entrées, maximisant ainsi l’espace par la suppression du sas.

La distribution des deux nouvelles unités de vie adopte ainsi la figure d’un « 8 » évitant les culs-de-sac et les virages à angles droits. Le corridor sinueux donne à chaque résident la possibilité de gagner sa chambre depuis le hall central, en toute intimité, sans traverser les espaces de vie communs. Les ren­foncements générés par les pans de mur brisés assurent une « promenade » continue et ponctuée de lieux de rencontres improvisés. Les pièces communes ont aussi été divisées pour donner à la salle à manger et au salon des quali­tés propres de lumière et de vue, tout en conservant un caractère traversant. Le dis­positif, aux géométries organiques, génère enfin une couronne de chambres à cinq côtés, dont le format ample garantit l’aisance des résidents et des éduca­teurs dans leurs tâches quotidiennes.

Alors que les unités de vie s’installent en étages dans les maisons émergentes, en relation au paysage de la Côte, le socle cen­tralise autour d’une place toutes les activités collec­tives récréatives de l’institution.  Au rez-de-chaussée, la connexion de la nouvelle maison avec le socle existant a donné l’occasion de remanier la salle à manger en un espace polyvalent et modulable à l’aide de parois coulissantes, permettant l’organisation d’évènements tels que spectacle et conférence. La pro­jection sur l’espace public de ce corps de bâtiment a été retravaillée sous la forme d’une rotonde qui articule l’entrée du site.

La nouvelle construction est hybride afin d’ex­ploiter les matériaux au plus proche de leurs capaci­tés : le squelette structurel est en béton notamment pour optimiser les hauteurs libres d’étage et l’intégration des techniques tandis que l’enveloppe et la charpente sont réalisées en ossature bois, préfabriquée en atelier. Le revêtement de façade se présente comme une peau légère, constituée de lames de bois rainées et crêtées avec des couvre-joints en saillie. Cette modénature enrichit les façades de jeux d’ombre et la teinte claire donne à l’ensemble une expression de « bicoque » discrète, poursuivant mo­destement l’unité chromatique de l’existant.