Une histoire de carrosserie
article (2014)
Christophe Joud, dans : B. Marchand, R. Gargiani, J. Lucan, M. Steinmann, L. Ortelli, Matières 11, PPUR, Lausanne

Les architectes apprécient les belles voitures, a-t-on coutume de dire. Le couple zurichois Andreas Fuhrimann & Gabrielle Hächler semble en effet avoir succombé à la fascination d'élégantes carrosseries qu'ils aiment à exposer devant leurs réalisations. Nous ne saurions rester indifférents face à la Citroën Maserati SM des années 1970 mise en scène à l'entrée de leur propre maison sur le mont de l'Uetliberg. L'image de ces deux objets, l'un technique, l'autre architectural, nous transmet une sensation commune de matière et d'effets, une « brillance » qui les confond dans une esthétique semblable. Ce tableau n'est alors pas sans rappeler une autre Citroën, la fameuse DS d'Alison et Peter Smithson qui trônait quarante ans auparavant, avec la même présence, devant leur pavillon Upper Lawn, à Fonthill. D'autres architectes reconnaîtront très tôt la voiture comme une source incontestable d'inspiration. Jean Prouvé, constructeur et forgeron de métier, s'avouera lui-même profondément captivé par ce qui fut la première icône de la maison Citroën, la 2CV de 1948. Trois Citroën légendaires qui, associées par l'image à l'architecture, témoignent de préoccupations convergentes. Comment l'observation des carrosseries nous éclaire-t-elle sur les façades légères ? Quelle relation peut-il y avoir entre la définition formelle d'une enveloppe de façade métallique et la mise en œuvre technique de son matériau ?

