L’intérieur apprêté. Le mobilier dans l’espace domestique
CONFÉRENCE (2024)
Intervention au colloque international d’architecture Intérieurs, organisé à Paris par la Société Française des Architectes

L’intériorité domestique prend ses marques au XIXe siècle, avec le développement de l’intimité et la distinction entre les sphères de l’habitat et du travail. À cette époque où s’installe une société bourgeoise accumulatrice d’objets en tout genre, succède un élan de rationalisation qui invente le mobilier du XXe siècle. Qu’est devenue aujourd’hui la part du meuble dans la recherche typologique du logement collectif ? Certaines photographies contemporaines montrent des objets perdus soigneusement disposés, destinées à illustrer une atmosphère étrange, rappelant les intérieurs énigmatiques du peintre Vilhelm Hammershøi, des pièces meublées mais vides, aux portes entrouvertes, figées dans l’instant.
Essayons de faire parler ces photographies, afin de comprendre ce dont elles sont le symptôme : l’effacement de certaines hiérarchies spatiales – jour/nuit, servant/servi, parents/enfants – en faveur d’un cumul d’usages dans les mêmes pièces, mais aussi d’une plus grande porosité entre l’individuel et le collectif. Certes, de grandes mutations sont à l’origine de ces expérimentations, notamment le développement du télétravail, de l’habitat intergénérationnel et coopératif ou le co-living. Mais jusqu’où peut-on imaginer transgresser le programme normatif de l’appartement (cuisine, séjour, chambres, salles-de-bains), en libérant ses fonctions et ses schémas d’ameublement ?